Stratégies

Stéphane Martin - ARPP « L'événementiel rentre dans le champ de notre action »

Par Adélaïde de la Bourdonnaye | Le | Agences & organisations

Rencontre avec Stéphane Martin, Directeur Général de l'Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité. Il nous explique en quoi l'événementiel fait partie de son terrain de jeu et revient sur les enjeux de cette association qui aide les annonceurs à proposer de nouveaux récits dans leurs contenus publicitaires, sans pour autant renoncer à leur créativité. 

Stéphane Martin, DG de l’ARPP - © Richard Bord
Stéphane Martin, DG de l’ARPP - © Richard Bord

En quoi l’action de l’ARPP couvre-t-elle le champ de l’événementiel ?

ARPP - © ARPP
ARPP - © ARPP

L’événementiel est une grosse ligne budgétaire pour les annonceurs. Et cela rentre dans le champ de l’ARPP. Un dépliant sur un stand, un affichage à l’entrée d’une exposition, un contenu audiovisuel… nous pouvons être consultés sur tous les contenus diffusés lors des événements. Parce que pour le consommateur, une marque qui s’exprime c’est une marque qui fait de la pub, il ne fait pas la différence entre les canaux. Il faut donc de la cohérence. J’étais au salon Work Expo. Tout était « durable », « responsable », « écologique »… des mots un peu faciles. Toute activité à une empreinte, attention au greenwashing. En matière de transition écologique il faut communiquer sur le chemin. Personne n’est vert dans l’absolu ! En événementiel, quelles qu’en soient les formes, il faut une cohérence de discours.

Les acteurs de l’événementiel sont-ils adhérents à l’ARPP ?

En ce qui concerne les agences, généralement les groupes auxquels elles appartiennent comptent parmi nos adhérents. Mais il est vrai qu’elles ne nous sollicitent peut-être pas suffisamment. Mais cela peut passer par un autre chemin : via l’annonceur ou l’agence de création. Et si lors d’un événement on utilise des assets qui ont déjà été cadrés, la question ne se pose plus.  

ARPP, quésaco ?

• L’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (à prononcer « Arpe » pour les initiés !) a été créée en 1935. C’est une association professionnelle sans but lucratif.

• Son objectif : Continuer à protéger la liberté d’expression publicitaire tout en posant le cadre d’une communication commerciale responsable par l’autorégulation.

• Pour qui : Les annonceurs, les agences, les médias (tous les supports).

• Concrètement : Un rôle de prévention et conseil avant diffusion pour ses adhérents, un rôle de contrôle a posteriori pour l’ensemble de la profession.

La question climatique dans les contenus publicitaires est un enjeu aujourd’hui pour l’ARPP ?

En effet, et cela s’illustre notamment via le dispositif des contrats-climats qui a été mis en place. Un dispositif volontaire mais contrôlé par l’Etat. Les marques produisant des contenus arborant les fameuses étiquettes énergie et qui diffusent plus de 100 000€ de publicités par an ont une obligation de déclaration. On parle de l’automobile par exemple, ou encore bientôt du textile. L’objectif des contrats-climats est de diminuer l’exposition en publicité des produits ayant l’impact le plus fort. A l’ARPP, nous aidons les entreprises à appliquer ces contrats. La publicité doit aider à montrer de nouveaux comportements, de nouveaux récits. Tout en gardant sa créativité. C’est pourquoi en France on ne voit aucune voiture rouler vite dans une publicité depuis 1988 par exemple. Ou qu’on ne voit pas une scène de consommation alimentaire à domicile devant un écran. Mais rien de tout cela n’est dans la loi, il s’agit de règles déontologiques choisies volontairement par la profession. La publicité accompagne des évolutions sociétales et doit contribuer à rendre le futur désirable.

 

Vous venez de lancer la 5e édition de votre Observatoire de l’Influence Responsable…

Les résultats de la 5e édition de notre observatoire seront présentés le 24 septembre prochain. Depuis 2019, l’observatoire analyse la transparence dans les prises de paroles commerciales des influenceurs sur tous les canaux. Ils doivent respecter les mêmes règles que les autres médias. Nous nous sommes rendu compte que si les grands influenceurs étaient bien renseignés, ça n’était pas le cas des plus petits. Mais ils sont demandeurs de s’améliorer, parce que c’est aussi la clé de leur pérennité, c’est du bon sens. C’est pourquoi nous avant mis en place un certificat de l’influence responsable, qu’ils peuvent obtenir après une formation dédiée. Ce dispositif est soutenu par les marques et agences qui ne veulent travailler qu’avec des influenceurs certifiés. Ils sont 1400 à ce jour.

 

Vous avez une action de sensibilisation. Comment communiquez-vous ?

L’ARPP fait son festival - © ARPP
L’ARPP fait son festival - © ARPP

Nos adhérents ne sont que des professionnels. En matière de communication, nous avons donc une action B2B. A titre d’exemple, nous avons été présents l’an dernier aux Cannes Lions. L’ARPP y a fait son « propre festival » en saluant via une série d’interviews les acteurs de l’autorégulation, des plateformes aux annonceurs. En 2024, nous serons présents via une soirée réunissant nos adhérents et partenaires au Canopy by Hilton. Nous y mettrons en avant des prestataires ayant une proposition engagée pour la planète. Nous organisons bien sûr d’autres événements : nous réunissons par exemple les influenceurs dans le cadre d’un Club de créateurs de contenus, nous avons également notre assemblée générale qui rassemble annuellement nos adhérents, et nous organisons près de 150 ateliers tous les ans pour former et évangéliser aux bonnes pratiques. Nous organisons également un forum annuel qui permet d’amplifier nos échanges avec la société civile sur des thématiques précises.

Par ailleurs, depuis 2016, l’ARPP a constitué un fonds de dotation qui étudie entre autres la perception qu’ont les Français de la publicité. Dans ce cadre, nous organisons notamment le Prix de la communication citoyenne. Le premier lauréat, parmi 140 dossiers déposés l’an dernier, était Vision du Monde, avec sa campagne impressionnante « Les Immontrables » signée par l’agence Steve. Nous donnons rendez-vous aux annonceurs pour la prochaine édition : dépôt de dossiers à partir du 15 mai.

L’ARPP en 2023

• 53 428 conseils et avis avant diffusion

• 1400 influenceurs certifiés (au 31 mars 2024)

• 552 plaintes reçues

• 800 adhérents

• 3000€ de cotisation annuelle moyenne pour les entreprises

• 4,7M€ de budget sans aucune subvention publique

• 27 collaborateurs, essentiellement des juristes