Tourisme d’affaires en Île-de-France : une reprise solide mais encore incomplète
Après une année 2024 marquée par le dynamisme des salons et par un recul temporaire du nombre de congrès en raison des Jeux de Paris, le bilan du tourisme d’affaires francilien révèle une tendance globalement positive. Les retombées économiques progressent fortement, mais la fréquentation internationale reste en retrait par rapport aux niveaux de 2018.

Le premier semestre 2025 marque une nouvelle étape dans le redressement du tourisme d’affaires en Île-de-France. Selon la dernière étude publiée par la CCI Paris Île-de-France, l’activité des salons professionnels poursuit son mouvement ascendant, tirée par quelques grandes manifestations internationales. Si la dynamique globale se révèle positive, certains segments accusent encore un retard par rapport aux niveaux atteints avant la crise sanitaire.
Salons : moteur de l’activité, fréquentation encore en retrait
L’année 2024 a confirmé la bonne santé retrouvée des salons franciliens. Au total, 367 salons ont été organisés dans les 24 principaux sites d’exposition d’Île-de-France. Cela reste inférieur aux 446 enregistrés en 2018, mais le nombre d’entreprises mobilisées traduit une reprise réelle : 103 279 exposants, soit une hausse de 12,3 % par rapport à 2022. La progression est particulièrement visible sur le segment des manifestations professionnelles, qui a concentré 75 224 entreprises participantes - un record. Autre signe notable, l’afflux international : 35 615 exposants étrangers, un niveau inédit depuis 2010, soulignent le regain d’attractivité de la région.
La fréquentation reste toutefois nuancée. Si 6,2 millions de visiteurs ont franchi les portes des salons franciliens en 2024, ils étaient encore 9,3 millions en 2018. La clientèle venue de l’étranger (418 538 visiteurs) dépasse légèrement celle de 2022, mais demeure bien en deçà du pic de 2018 (plus de 817 000). Les organisateurs doivent donc composer avec une reprise à géométrie variable : les surfaces d’exposition et le nombre d’exposants progressent, mais la fréquentation peine à suivre le même rythme.

Retombées économiques conséquentes
Au plan économique, les indicateurs confortent néanmoins la position stratégique du tourisme d’affaires pour la région. En 2024, les salons ont généré 4,4 milliards d’euros de retombées directes, soit 568 millions de plus qu’en 2022. Les échanges commerciaux entre exposants et visiteurs atteignent, eux, un niveau record de 21,5 milliards d’euros, contre 17,9 milliards deux ans plus tôt. Ces résultats traduisent le rôle structurant des salons dans l’économie francilienne : leur impact dépasse largement le seul secteur événementiel et irrigue restauration, hôtellerie, transports et services.
Congrès : une année en repli, marquée par les JO
Les congrès, autre pilier du secteur, ont connu une année 2024 en demi-teinte. Paris a accueilli 589 congrès, totalisant 689 492 participants, dont 14 % d’étrangers. Ces chiffres marquent une baisse par rapport à 2023, liée à un facteur exceptionnel : la tenue des Jeux olympiques et paralympiques a fortement sollicité de nombreux sites parisiens entre mai et octobre. Paris a ainsi perdu de sa visibilité dans le classement ICCA des capitales accueillant des congrès internationaux, passant temporairement à la 6ᵉ place. Toutefois, la capitale demeure solidement installée parmi les leaders mondiaux, ayant occupé huit fois la première marche du podium depuis 2010.
Le nombre de nuitées consommées illustre ce phénomène : 4,2 millions de séjours hôteliers sont directement attribués aux congrès et salons. Cette dimension touristique conforte la place de Paris et de sa région comme première destination européenne en matière de tourisme d’affaires.
Les professionnels du secteur n’anticipent pas de décrochage durable. Dès 2025, le calendrier devrait retrouver son amplitude, permettant à Paris de renouer avec les habituels volumes de congrès et, sans doute, avec une place sur le podium ICCA.

Autres manifestations : l’impact des grands événements
Si l’analyse se focalise généralement sur les salons et congrès, d’autres types de manifestations - événements d’entreprise, spectacles, manifestations sportives et culturelles, examens et formations - constituent également un segment significatif. En 2024, 1 356 de ces événements ont été organisés dans les principaux sites d’accueil d’Île-de-France, réunissant plus de 3,6 millions de participants. Ici encore, les Jeux olympiques ont laissé leur empreinte, en boostant la fréquentation de manifestations sportives et culturelles, mais aussi en limitant la disponibilité de certains espaces pour les événements institutionnels.

Une reprise installée mais encore inégale
Au total, ce sont plus de 10,2 millions de participants qui ont pris part en 2024 à des congrès, salons ou autres événements en Île-de-France. Les retombées économiques combinées des congrès et salons s’élèvent à 5,3 milliards d’euros. Ces chiffres confirment que la filière a retrouvé son rôle de contributeur majeur à l’économie régionale, malgré des écarts persistants avec la situation d’avant-crise sur certaines variables, comme la fréquentation internationale.
Cette reprise met aussi en lumière les tendances structurant l’avenir du secteur : une concentration croissante sur les grands rendez-vous phares capables de capter un public international ; une progression régulière des investissements dans la rénovation et la mise aux normes environnementales des sites d’accueil ; et un repositionnement stratégique en faveur de l’attractivité globale de Paris et sa région.
Perspectives encourageantes
Le premier semestre 2025 laisse entrevoir une poursuite de cette dynamique. Quelques salons majeurs - comme Viva Technology ou Wine Paris - jouent un rôle moteur dans la reconquête des parts de marché perdues pendant la crise. À terme, le défi sera de combiner la force de locomotives internationales avec une densité plus large de manifestations, afin de renouer avec les niveaux de fréquentation record de 2018.
Dans un contexte où les destinations concurrentes cherchent elles aussi à capter une clientèle internationale exigeante, le tourisme d’affaires francilien semble disposer d’atouts solides, mais devra préserver son attractivité en poursuivant la modernisation de ses infrastructures et en intégrant davantage de critères liés à la durabilité.