Prestataires

Le théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt entre de nouveau en scène

Par Pascale Baziller | Le | Lieux

Après sept ans de travaux, le théâtre de la Ville place du Châtelet à Paris rouvre ses portes aux artistes, aux équipes et au public. Le bâtiment historique s’est réinventé autour d’un hall lumineux. Un lieu de rencontre entre les arts, la création et notre humanité.

Le théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt place du Châtelet à Paris rouvre ses portes  - © Joséphine Brueder/Ville de Paris
Le théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt place du Châtelet à Paris rouvre ses portes - © Joséphine Brueder/Ville de Paris

Sur le fronton du théâtre de la Ville est désormais inscrit Théâtre Sarah Bernhardt, du nom de la célèbre comédienne qui y joua près d’une quarantaine de rôles et en fut la directrice de 1899 à sa mort en 1923. La nouvelle appellation Théâtre de la Ville-Sarah-Bernhardt marque l’entrée de ce lieu architectural empreint d’histoires vivantes dans une nouvelle ère. Celle de la création d’aujourd’hui et de demain.

Le théâtre de la Ville a été renommé Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt - © Joséphine Brueder/Ville de Paris
Le théâtre de la Ville a été renommé Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt - © Joséphine Brueder/Ville de Paris

Après sept ans de travaux, le bâtiment historique construit à la fin du XIXe siècle, a été inauguré samedi 9 septembre 2023, en présence de la maire de la Ville de Paris Anne Hidalgo, du directeur du Théâtre de la Ville Emmanuel Demarcy-Motta et de ses équipes et des acteurs du monde de la culture. Parmi lesquels le pianiste Ryan Hechmi, les comédiennes Isabelle Huppert et Élodie Bouchez, le violoncelliste Marc Coppey et la danseuse Johanna Faye qui ont célébré en musique, en textes et en danse l’art, la création et les artistes dont Sarah Bernhardt. 

ors de l’inauguration du théâtre, Isabelle Huppert a lu des extraits de textes de Sarah Bernhardt  - © Joséphine Brueder/Ville de Paris
ors de l’inauguration du théâtre, Isabelle Huppert a lu des extraits de textes de Sarah Bernhardt - © Joséphine Brueder/Ville de Paris

« Si le théâtre de la Ville entre dans un nouvel âge, la société entière est entrée dans une nouvelle époque. Nous devons prendre en compte les enjeux d’aujourd’hui et affirmer un théâtre pour le XXIe siècle. Un théâtre pluridisciplinaire à dimension européenne, internationale en écho au Théâtre des Nations mais aussi porteur d’ambitions nouvelles. Nous devons réenchanter nos années 20 du XXIe siècle », exprime Emmanuel Demarcy-Motta qui souligne l’importance du monde de l’art dans notre société davantage encore quand elle est bousculée. « Notre propre humanité est interrogée par le spectacle  ». Une humanité qui a continué à s’exprimer durant la fermeture du théâtre avec une programmation de 800 spectacles hors-les-murs à l’Espace Cardin, aux Abbesses, en plein air et dans d’autres lieux en région. Un temps de partage, de construction, de nouvelles expérimentations entre les artistes et le public pour poursuivre l’œuvre et créer ce que le Théâtre de la Ville allait devenir. « Un lieu de mise en relation du monde imaginaire face au réel, un lieu de transformation qui embrasse les identités et les différences et porte les combats sociaux et sociétaux de notre époque  », indique le Théâtre de la Ville dans son dossier de présentation.  

Le hall a été remanié dans une configuration privilégiant la lumière naturelle et le plein-pied - © PB
Le hall a été remanié dans une configuration privilégiant la lumière naturelle et le plein-pied - © PB

 

Une architecture du XXIe siècle

Il y a comme un air de renouveau place du Châtelet. Après sept ans, les échafaudages ont enfin été retirés laissant apparaître de nouveau le majestueux bâtiment du XIXe siècle érigé au bord de la Seine en vis-à-vis du théâtre du Châtelet. Un projet mené par les architectes Blond & Roux engagés dans une restructuration respectueuse de l’amalgame patrimonial et des objectifs de sécurité, de confort, d’usages et d’énergie autour d’une ventilation presque naturelle (passage en réseau de froid urbain, travaux d’isolation…).

La façade retrouve de sa splendeur avec de grandes baies vitrées transparentes (nouvelles réouvertures qui avaient été calfeutrées) faisant la part belle à la lumière naturelle dans la bâtisse. Une révélation dès l’entrée dans le hall, à en oublier l’obscurité qui y régnait sans éclairages artificiels. Le hall a été totalement remanié dans une nouvelle configuration avec un sol de plain-pied avec la rue. L’immense espace se dessine sur deux niveaux en mezzanine ouverte sur un vaste atrium central qui pourra accueillir différents événements comme des conférences et pourquoi pas des représentations. L’ensemble est habillé de bois clair, de verre et de béton brut orné de quelques touches d’or bien loin des décors architecturaux du XIXe siècle. Quant à la grande salle de spectacle (625 m2), elle conserve sa configuration en gradins avec 932 fauteuils neufs au ton de camaïeu  paille et, des circulations rationalisées pour faciliter les accès et la fluidité. La scène et l’acoustique (système immersif 260° L-Acoustucs) ont également revues et modernisées pour un meilleur confort des spectateurs. L’équipement technique a également été rénové. Enfin, l’ancienne salle de répétition de la Coupole (300 m2) devient un nouvel espace pouvant accueillir 130 spectateurs (3 configurations possibles). Quant au Café des Œillets (200 m2), il a également été revisité pour accueillir rencontres, conférences et autres prises de parole.  

la La grande salle de spectacle conserve sa configuration en gradins avec 932 fauteuils neufs, au ton de camaïeu paille  - © Théâtre de la Ville
la La grande salle de spectacle conserve sa configuration en gradins avec 932 fauteuils neufs, au ton de camaïeu paille - © Théâtre de la Ville

Un chantier difficile

La restructuration offre véritablement un nouvel écrin tant aux artistes, aux équipes qu’au public. Un chantier qui n’aura pas été sans difficultés, entravé au fil des années par des problèmes techniques et des imprévus comme la période covid et la guerre en Ukraine (qui a conduit à une hausse des prix de matières premières) occasionnant des surcoûts dans le cahier des charges. En effet, si le budget était initialement de 26 millions d’euros, le coût total est estimé aujourd’hui à 40 millions d’euros dont 4 millions d’euros amortis par les campagnes sur la façade.   

Un nouveau souffle dans l’espace public

Le théâtre de la Ville-Sarah-Bernhardt, un lieu de création, un lieu artistique, un lieu de représentation, un lieu d’expérimentation, un lieu ouvert à tous, un lieu ouvert sur le monde et plus proche sur la place du Châtelet. « Le hall entièrement ouvert sur la ville permet d’inventer un nouveau projet relié à la place du Châtelet où nous pouvons affirmer notre idée d’un théâtre dans la ville. Ainsi, nous créerons des temps forts sur la place avec des artistes de toutes les disciplines, une Agora en lien avec le théâtre », indique Emmanuel Demarcy-Mota. Le projet est de transformer la place du Châtelet avec sa fontaine du Palmier en « place des théâtres » pour raconter des histoires, accueillir des performances artistiques et proposer un espace de vie au grand public sans barrières de temps. Cette nouvelle scène au cœur de la ville offre ainsi une perspective inédite de la rencontre entre l’artistique et le public. Elle prend vie avec le Festival de la Place gratuit les 4 week-ends de septembre 2023 (3 scènes, plus de 30 représentations) ouvert lors de l’inauguration du théâtre par l’artiste Hofesh Shechter. Suivront différents temps forts d’avril à juin 2024 (Printemps de la danse, Place à l’Europe, Place au sport). Pour l’heure, la nouvelle saison du Théâtre de la Ville-Sarah-Bernhardt s’annonce riche de spectacles (théâtre, danse, musique…) pour tous avec des artistes fidèles et de nouveaux venus pour oser imaginer un nouvel horizon… Libre à chacun.

La place du Châtelet se transforme en Place des théâtres et lance le Festival de la Place pendant le mois de septembre - © Joséphine Brueder/Ville de Paris
La place du Châtelet se transforme en Place des théâtres et lance le Festival de la Place pendant le mois de septembre - © Joséphine Brueder/Ville de Paris