Territoires

Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre 2023, quelles retombées pour le territoire ?

Par Pascale Baziller | Le | Acteurs publics

La Transat Jacques Vabre, une aventure sportive et humaine mais également un événement économique pour le territoire qui attire le grand public mais également les entreprises.

55 bateaux sur 95 ont pris le départ de la 16e Transat Jacques Vabre - © Jean-Louis Carli /Alea
55 bateaux sur 95 ont pris le départ de la 16e Transat Jacques Vabre - © Jean-Louis Carli /Alea

Mer agitée pour le départ de la Transat Jacques Vabre Normandie le Havre, le dimanche 29 octobre 2023 depuis le Havre (Seine-Maritime). Une 16e édition qui compte 95 bateaux et 200 skippers qui devraient naviguer jusqu’à Fort-de-France en Martinique.30e anniversaire de la Transat Jacques Vabre

Ce sont 55 bateaux, Ultim, Ocean Fifty et Class40, qui se sont élancés successivement peu après 13 heures. Ils feront escale à Lorient (Morbihan) pour se protéger en attendant le passage de la tempête. En revanche, les 40 Imoca sont restés à quai. Non seulement leur départ a été reporté mais les bateaux vont être mis en sécurité en raison de la tempête attendue en milieu de semaine (1er -2 novembre). Une mauvaise météo qui a également contraint les navires et les vedettes dédiées aux opérations hospitalité à ne pas accompagner le départ des bateaux. Elle n’en a pas pour autant découragé les férus de voile présents aux abords des côtes pour suivre le spectacle.

Si le spectacle en mer a débuté avec une collision peu de temps après le départ et des dégâts sur d’autres bateaux, un avant-goût de la Transat Jacques Vabre était donné sur le village de la Transat Jacques Vabre implanté autour du bassin Paul Vatine pendant les 10 jours avant le départ.

Le grand public a ainsi pu participer à de nombreuses animations, assister à des conférences mais également découvrir les bateaux amarrés aux pontons. Car, une des spécificités de cet événement est de pouvoir créer une proximité entre le monde marin et les visiteurs.

Le grand public peut découvrir les bateaux sur le ponton et parfois échanger avec les skipper - © Vincent Curutchet /Alea
Le grand public peut découvrir les bateaux sur le ponton et parfois échanger avec les skipper - © Vincent Curutchet /Alea

Un enjeu d’attractivité

Au-delà de l’enjeu sportif, la Transat Jacques Vabre est un enjeu d’attractivité pour les organisateurs de la course à la voile.

« Notre volonté est de faire de cet événement une belle fête populaire et un village de qualité qui nous permet à la fois de promouvoir notre destination auprès des différents publics. Les skippers et leurs équipes disent apprécier venir au Havre et mettre dans leur calendrier ce rendez-vous. Pourquoi ? Tout simplement car ils sont bien accueillis et ont une proximité avec les visiteurs. C’est un élément attractif tant pour ces sportifs de haut niveau que le grand public qui peut assister à la préparation des bateaux sur le ponton et parfois échanger avec les skippers avant leur départ. Par ailleurs, le bassin Vatine est un stade nautique au milieu de la ville qui dessine un cercle d’1,4 km permettant aux familles de voir en une demi-heure les Imoca, les Ultim, les Oceans Fifty ou les Class40. Ce rapport qualité/quantité nous a permis de battre un record avec 95 bateaux et 200 skippers pour cette nouvelle édition  », expose Régis Debons, adjoint au Maire en charge des sports au Havre.

La Transat Jacques Vabre, ce sont près de 9-10 millions de retombées économiques pour le territoire - © TJVB
La Transat Jacques Vabre, ce sont près de 9-10 millions de retombées économiques pour le territoire - © TJVB

La Région Normandie accompagne également la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre depuis l’édition 2017. Depuis 2019, elle est devenue membre organisateur de cette course transatlantique en double aux côtés du groupe JDE et la ville du Havre. À travers cet événement, elle réaffirme la vocation maritime de la Normandie et veut faire du nautisme un facteur d’attractivité et de son rayonnement pour attirer de nouvelles entreprises via l’Agence de développement pour la Normandie. 

Un enjeu économique

La fréquentation du village pourrait également battre le record de la précédente édition avec plus de 500 000 visiteurs. « 65 % des visiteurs viennent de la communauté urbaine (rayon de 50 km autour du Havre) et 35 % de la Normandie, de la Bretagne, Paris et le Nord de la France. La plupart des gens se déplace au Havre pour la journée. Néanmoins, le taux de remplissage des hôtels et les locations Airbnb sont un indicateur fort. Ils ont affiché tous deux complets trois semaines avant l’ouverture du village », indique Régis Debons.

Aux revenus générés par le logement s’ajoutent également ceux des consommations (restauration, commerces…) des touristes et des familles. Autant de retombées économiques pour Le Havre et la communauté urbaine. Elles étaient de 7 millions d’euros en 2019 pour un coût d’organisation de 3 millions d’euros. Pour cette édition 2023, « les retombées économiques aux alentours de 9-10 millions d’euros. La ville investit 800 000 euros sur un budget de 5,5 millions d’euros. Nous avons réorganisé le village autour de trois axes, un axe grand public avec la mise en place de nouveaux endroits pour que les familles peuvent se détendre et prendre une collation, un axe sportif et un axe économique. Nous avons voulu investir l’ensemble des espaces autour du village dont le Carré des docks pour permettre aux entreprises d’organiser des opérations de relations publics ou des événements. 150 à 200 entreprises ont mis en place soit des soirées avec leurs partenaires, soit des séminaires, soit des moments de rencontres sur leurs espaces. Ces prestations apportent de grosses retombées économiques directes et indirectes. C’est l’opportunité de faire découvrir et la promotion de notre un territoire dynamique et en mouvement avec des compétences sur les plans industriel, portuaire et d’attractivité auprès de chefs d’entreprises non implantées dans notre région qui peuvent être de futurs habitants et/ ou investisseurs dans notre région », développe Régis Debons. La Transat Jacques Vabre offre ainsi une vitrine aux entreprises pour faire du business sur leurs espaces au sein du village mais également dans des salons, des loges ou encore un club entreprise.

Un enjeu éco-responsable

Déjà engagée dans une démarche RSE sur les précédentes éditions, la Transat Jacques Vabre a souhaité aller encore plus loin cette année. Elle a mis en place un plan d’actions autour de plusieurs axes dont la mobilité douce avec le Ticket vert. Chaque visiteur s’est vu remettre, en échange d’avoir utilisé des modes de transports « doux », le précieux sésame pour gagner de nombreux cadeaux.  « Depuis 2011, nous défendons l’objectif d’avoir une course la plus propre possible avec un bilan carbone le plus faible possible », assure Régis Debons.

Dans cette perspective, les organisateurs ont travaillé sur trois leviers principaux sur le village : l’éco-responsabilité avec une gestion optimisée des déchets, la pédagogie et l’inclusivité avec des aménagements sur les infrastructures adaptés pour les personnes en situation de handicap. C’est aussi le lancement de Cap pour Elles, un équipage 100 % féminin. Pamela Lee et Tiphaine Ragueneau respectivement Irlandaise et Française ont été sélectionnées au printemps dernier pour participer à leur première transatlantique en duo. Elles sont soutenues dans cette aventure par Engie aux côtés de DFDS et Brittany Ferries. Un nouveau pas pour augmenter le nombre de femmes dans les grandes courses au large, 18 pour la Transat Jacques Vabre 2023, un nouveau record.