La Paris Creator Week surfe sur la croissance irrésistible du marketing d’influence
La deuxième édition de l’événement dédié à l’écosystème de la creator economy profite de la dynamique qui porte l’industrie : le marché européen est estimé à 32,8 milliards de dollars en 2025 et projette une croissance annuelle moyenne de 25 % d’ici à 2032.
Il y avait foule à la Station F ce mardi pour le coup d’envoi de la Paris Creator Week 2025. Salles de conférences combles, allées copieusement garnies, stands exposants très sollicités… les signes ne trompent pas : cette deuxième édition tant attendue par l’écosystème s’est bel et bien imposée comme « the place to be » pour tous les acteurs de la creator economy.
Il faut reconnaître que le programme a de quoi séduire : 4 000 professionnels de l’influence et du marketing attendus, 800 créateurs invités, 200 speaker sur scène… Tous les ingrédients sont réunis pour « faire de Paris un hub de la creator economy », comme le répète à l’envie Marc Lesage-Moratti, alias Jokariz, co-fondateur de l’événement. Avec un quart des talks en anglais et toutes les conférences en français traduites en direct, un soin particulier a de plus été apporté pour ouvrir la PCW à l’international et lui offrir un écho hors de l’Hexagone. « Notre ambition est de faire de la PCW l’un des événements majeurs au niveau global, que des gens du monde entier viennent à Paris pour rencontrer des créateurs, mais aussi recruter des talents dans les agences et les plateformes, afin que les Français puissent pleinement jouer leur rôle dans cet écosystème », poursuit Jokariz.
les créateurs ne sont plus de simples acteurs sociaux, mais une force économique structurante,
L’ambition affichée par les créateurs de la PCW est nourrie par la croissance irrésistible du marché. À l’occasion de sa deuxième édition, celle-ci révèle les résultats du premier rapport sur la creator economy européenne, réalisé avec Coherent Market Insights. L’étude évalue le marché européen à 32,8 milliards de dollars en 2025 et projette une croissance spectaculaire jusqu’à 157,3 milliards de dollars en 2032, soit un taux de croissance annuel moyen de 25,1 %. Une performance qui lège songeur… « Cette dynamique reflète un changement de paradigme majeur : les créateurs ne sont plus de simples acteurs sociaux, mais une force économique structurante, désormais intégrée dans les stratégies des marques, des plateformes et de l’industrie des contenus », indiquent les auteurs du rapport.
Un marché européen structuré autour de ses trois puissances : Allemagne, Royaume-Uni et France
Le marché européen de la création de contenu confirme son entrée dans une phase de maturité, porté par trois locomotives : l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France. L’Allemagne domine légèrement avec un marché estimé à 9,01 milliards de dollars, suivie de près par le Royaume-Uni (8,94 milliards) et la France (8,14 milliards).À l’échelle du continent, plus de 8,64 millions de créateurs monétisés sont déjà actifs en 2025, un chiffre appelé à tripler d’ici 2032 pour atteindre 26,7 millions. L’étude montre aussi l’ancrage culturel du phénomène : 78 % des Européens suivent au moins un créateur, et 42 % consomment du contenu créateur chaque jour, tous formats confondus.
La France, nouveau pilier de l’économie des créateurs
Avec une croissance annuelle de 19 %, la France consolide sa place au sein du trio de tête européen. Valorisé à 8,14 milliards de dollars en 2025, l’écosystème national pourrait dépasser 38,5 milliards en 2032. Le pays compte désormais 348 000 créateurs monétisés, contre 303 000 un an plus tôt, et ce vivier pourrait atteindre 1,47 million d’acteurs d’ici la fin de la décennie.Cette dynamique s’explique par la montée en puissance des creator brands, la professionnalisation rapide du secteur, mais aussi par une réglementation pionnière, qui renforce la transparence et la confiance du public.
Une économie européenne tirée par les micro-créateurs
L’étude révèle un paysage profondément structuré par les créateurs de petite et moyenne audience. Les micro-créateurs (10 000 à 100 000 abonnés) représentent à eux seuls 14,9 milliards de dollars, devenant la première source de revenus du continent. Les nano-créateurs (1 000 à 10 000 abonnés) constituent pour leur part le segment le plus massif : 6,3 millions de profils et 8,2 milliards de dollars de valeur, avec une croissance qui pourrait les propulser au-delà des 20 millions d’ici 2032.
À l’opposé, les macro et méga profils - très minoritaires (1,7 % des créateurs) - concentrent néanmoins 9,7 milliards de revenus. Un contraste qui illustre une Europe « à deux vitesses », où les marchés nationaux répartissent différemment leur valeur.
L’IA générative rebat les cartes
L’Europe est par ailleurs l’un des continents où l’adoption de l’IA générative connaît la croissance la plus rapide : 69 % des créateurs européens utilisent déjà l’IA pour accélérer leur production, traduire leurs contenus, automatiser leurs sous-titres ou optimiser leur diffusion. Cette adoption facilite la création multilingue et multiplateforme, un avantage stratégique pour un continent où la diversité linguistique est un frein historique à la scalabilité. Elle permet également aux agences européennes d’améliorer la prédictibilité des performances grâce à des outils d’analyse comportementale et de recommandation créative, renforçant la fiabilité des investissements dans l’influence.
Les nouveaux business models accélèrent la croissance européenne
L‘étude montre également que les revenus issus des collaborations marque-créateur restent le moteur principal du secteur, avec 15,2 milliards de dollars en 2025. La publicité sociale pèse 6,4 milliards, tandis que les abonnements et programmes de membership progressent fortement pour atteindre 3,1 milliards, soit une hausse de près de 23,6 %.
Parallèlement, le marché européen est le théâtre d’une montée en puissance notable des creator brands, des modèles d’affiliation et des stratégies d’influence-for-equity, particulièrement en Allemagne, aux Pays-Bas et en Scandinavie. Cette diversification des modèles économiques rend l’écosystème européen plus résilient et moins dépendant des cycles publicitaires.