Innoventiel

La Fresque de l’événementiel, un outil collectif pour agir en faveur de la transition écologique

Par Pascale Baziller | Le | Solutions

À l’image de la Fresque du climat, REEVE (réseau éco-événement) a initié la Fresque de l’événementiel. Un atelier pour sensibiliser et former à la relation entre événementiel, dérèglement climatique et enjeux RSE dans une approche collective. Objectifs : organiser des événements éco-responsables, créer un collectif mobilisé et assurer l’avenir du secteur.

La Fresque de l’événementiel, un atelier participatif et ludo-pédagogique - © REEVE
La Fresque de l’événementiel, un atelier participatif et ludo-pédagogique - © REEVE

Outils à la fois pédagogiques, ludiques et participatifs, les Fresques (du climat, du numérique, de la diversité…) creusent leur sillon. À l’heure où la Fresque du climat a sensibilisé plus d’un million de personnes, au réchauffement climatique en cinq ans à travers le monde (annonce du 5 avril 2023), la Fresque de l’événementiel poursuit son développement avec ses ateliers au cours desquels il est désormais possible de se former à l’animation.

Cette nouvelle proposition s’inscrit dans la continuité des ateliers initiés en 2021 (à la sortie du Covid) par l’association REEVE ou réseau éco-événement qui opère principalement en Pays de la Loire et à Paris. « Nous avons commencé notre réflexion en 2019 qui s’est construite durant la crise sanitaire. Au départ, le groupe de travail souhaitait faire une extension métier de la Fresque du climat mais très vite le projet a évolué sur la Fresque de l’événementiel pour sensibiliser au-delà du réchauffement climatique à des questions autour de la biodiversité, la RSE, l’impact du numérique plus largement des sujets sociétaux qui concernent la filière événementielle. Notre volonté est d’inspirer et de créer des rituels dans l’événementiel », explique Dominique Béhar, coordinateur de l’association REEVE (prononcé Rêve) qui accompagne la labellisation des événements et promeut les bonnes pratiques et les échanges d’expérience entre organisateurs pour des éco-événements. « Nous avons déjà réalisé au premier trimestre en 2023 autant de demandes de labellisation qu’en 2022.  Nous assistons à un réel changement, tous les rouages de la transition écologique se mettent en route ».

Un outil de sensibilisation et de questionnement

Dans cette perspective de transition écologique, la Fresque de l’événementiel est un outil de sensibilisation aux impacts environnementaux des événements, des dérèglements climatiques et sociétales sur les organisateurs mais également des leviers d’action possibles. Elle s’adresse aux acteurs qui ont un lien ou/et un intérêt pour l’événementiel : agences, prestataires, donneurs d’ordre, territoires, institutionnels, enseignants, étudiants… « Tout le monde a aujourd’hui conscience de l’urgence climatique. Nous essayons d’expliquer comment cette urgence va affecter nos modes de vie et plus particulièrement comment les évolutions du climat et de la société vont changer la manière d’organiser un événement. Comment sera l’événement de demain ? Nous posons la question sur le rapport à la nature, à la discrimination, au numérique ou même à ce que nous pourrions appeler les indicateurs de réussite d’un événement. Peut-on par exemple considérer que le succès d’un événement se mesure à la taille de sa jauge publique sachant que faire venir déplacer plus de personnes va avoir un impact carbone ? Ce sont ce type de question que nous posons lors des ateliers de la fresque et la manière de la poser est déjà une vision. Nous n’apportons pas de réponse(s), notre objectif étant de questionner et faire prendre conscience de la relation entre événementiel, dérèglement climatique et enjeux RSE  », expose Dominique Béhar.

Comment se déroule un atelier fresque ?

Se questionner, développer ses connaissances, échanger sur des expériences, partager des perceptions, des représentations, des informations… pour co-construire une fresque de l’événementiel en lien avec un sujet. C’est le concept de l’atelier fresque qui se définit comme un facilitateur en intelligence collective. Le dernier organisé lundi 17 avril 2023 à la librairie Utopia à Paris (5e) réunissait une vingtaine de personnes réparties en quatre groupes. Deux facilitateurs étaient également présents pour accompagner chaque groupe durant la séance (3 heures). En préambule, il faut savoir que l’atelier participatif est ludo-pédagogique mais ne s’appuie pas sur des données scientifiques comme pour la Fresque du climat. Il se présente comme une boîte à outils dans laquelle se trouvent la raison d’être des événements, les causes et les conséquences sur l’organisation d’un événement (où comment déconstruire l’existant…) et des cartes appelées « résilience » qui sont des pistes de travail pour des événements éco-responsables.

Les cartes appelées « résilience » distribuées sont des pistes de travail pour des événements éco-responsables. - © REEVE
Les cartes appelées « résilience » distribuées sont des pistes de travail pour des événements éco-responsables. - © REEVE

Ce sont ces cartes distribuées au fil de l’exercice qui guident les participants dans leur réflexion pour co-construire la fresque à partir du concept choisi (ex. Rassembler, communiquer, inspirer, transmettre, communiquer, organiser…). L’animateur leur fournit également un schéma représentant « le cycle de l’emballement » lorsqu’on organise un événement.

Il y a une réelle dynamique qui se crée au sein de chaque groupe. Certaines questions demandent plus de réflexion et d’échanges, quand d’autres suscitent davantage de débats qui aboutissent toujours à une décision collégiale. La conception de la fresque fait l’objet d’ajustements tout au long de la séance jusqu’à sa finalisation.

L’important est d’intégrer les enjeux climatiques et RSE dès la phase de conception d’un événement - © PB
L’important est d’intégrer les enjeux climatiques et RSE dès la phase de conception d’un événement - © PB

Le résultat offre une lecture (sous la forme imagée d’un escargot) de l’importance d’intégrer les enjeux climatiques et RSE dès la phase de conception d’un événement. La fresque événementielle est ensuite exposée et commentée collectivement. Enfin au-delà de la satisfaction de l’exercice accompli, l’atelier montre bien les leviers d’action qui existent pour organiser des événements éco-responsables mais aussi comment l’avenir du secteur peut être compromis face aux conséquences de ses propres impacts, d’où la nécessité d’agir.  

De multiples profils et attentes

Le concept permet à chacun d’apprendre de nouvelles choses, d’approfondir ses connaissances, de mieux appréhender certains processus ou moyens qui peuvent générer des impacts écologiques par exemple et ainsi pouvoir les partager avec ses collègues, partenaires ou/et clients. Chacun s’inscrit à la fresque avec un ou plusieurs objectifs comme nous le confient des participantes à l’atelier du 17 avril 2023.

Amandine, Séverine, Cathy et Sandrine (de gauche à droite) ont créé la Fresque de l’Événementiel « Rassembler responsable »  - © PB
Amandine, Séverine, Cathy et Sandrine (de gauche à droite) ont créé la Fresque de l’Événementiel « Rassembler responsable » - © PB

« Je souhaitais me former à cet outil pour sensibiliser mes clients à ces enjeux en leur apportant du contenu », explique Séverine Faure, directrice conseil et du pôle événementiel de l’agence 148. Amandine Fiori Lévèque, commissaire de salons chez PAP cherchait des solutions pour réduire les impacts notamment du salon de l’immobilier neuf. « Je voulais participer à cet atelier pour échanger avec d’autres personnes sur la démarche éco-responsable, comprendre les enjeux dès le concept et trouver le bon équilibre entre contraintes budgétaires, choix des prestations et rentabilité de l’événement ». De son côté, Sandrine Andreini spécialisée dans la formation à l’économie circulaire pour le secteur de la culture, elle « voulait vérifier si le contenu de sa formation était juste et sa vision des impacts de l’événement était exhaustive ». De même pour Cathy Bou, fondatrice du cabinet Agapé spécialisé dans l’accompagnement des organisations vers une politique RSE qui souhaitait savoir si ses connaissances sur l’événementiel étaient toujours au fait de l’actualité mais également expérimenter l’atelier pour « recommander des animateurs à ses clients avant la conception d’un événement ». Enfin, c’est aussi « vivre un moment de partage » qu’expriment les participants.

Un atelier adapté à ses objectifs

L’objectif de la Fresque de l’événementiel est de « créer un collectif de personnes mobilisées et impliquées sur les enjeux climatiques et RSE de l’événementiel », ajoute Dominique Béhar. Les ateliers se déclinent selon les objectifs du commanditaire (entreprise, association, prestataire, agence…) définis en amont et du profil des participants. « Nous avons construit un outil agile qui permet de participer à différents moments de la vie d’une organisation, pour ouvrir une formation, dynamiser un processus RSE, organiser un team-building, redynamiser la norme ISO 20121 ou encore intégrer un temps dans un bilan carbone », stipule Dominique Béhar.

L’atelier peut être réalisé par le réseau éco-événement ou un(e) animateur(trice) expert(e) dans tout type de lieu (au sein de l’entreprise…). Une cinquantaine de personnes à l’animation a déjà été formée par REEVE. Il y a deux niveaux d’animateurs : ceux qui interviennent de manière bénévole au sein de leur organisation et ceux qui sont agréés et peuvent proposer leur prestation au sein d’agences ou d’entreprises. L’agrément s’obtient après une formation et la validation de compétences. Ce processus se réalise d’ores et déjà avec le bureau d’études Ipama (avec possibilité d’une prise en charge formation).

L’initiative promet d’essaimer sur le territoire… à l’heure où la filière événementielle n’a d’autre choix que d’œuvrer pour la transition écologique.