Stratégies

100 ans d’UNIMEV : « Nous devons continuer à convaincre du caractère stratégique de notre filière »


Réunie à Lyon du 2 au 4 juillet à l’occasion d’un See you There exceptionnel célébrant le centenaire d’UNIMEV, la filière des métiers de l’événement a porté haut et fort la voix de la « French Event Touch ». Béatrice Cuif-Mathieu co-présidente de l’organisation avec Philippe Pasquet, évoque leur ambition pour consolider un secteur en mouvement et valoriser sa raison d’être, la fabrique de sens.

100 ans d’UNIMEV : « Nous devons continuer à convaincre du caractère stratégique de notre filière »
100 ans d’UNIMEV : « Nous devons continuer à convaincre du caractère stratégique de notre filière »

100 ans après sa création, quelle doit être la mission première de l’UNIMEV ?

Béatrice Cuif-Mathieu : Nous devons continuer à convaincre encore et toujours du caractère stratégique de notre filière. C’est un chantier qui est exigeant car nos métiers sont multiples, parfois discrets, mais ô combien essentiels. Nous sommes une industrie de talents, au cœur des dynamiques économiques et sociales. C’est pourquoi nous devons porter notre voix haut et fort dans les débats, dans les territoires et auprès des instances nationales.

Vous présidez l’UNIMEV depuis un an et demi avec Philippe Pasquet. Quels sont vos principaux axes de travail ?

B.C-M. : Nous avions construit un projet de mandat articulé autour de six axes et d’une vingtaine d’actions. Parmi nos priorités figurait la nécessité de travailler avec l’ensemble des acteurs de la filière. Nous avons donc mis en place une dynamique de travail par métiers, que ce soit les prestataires de services, les organisateurs de salons, les gestionnaires de sites, etc. Cette animation du réseau est aujourd’hui très forte, et nous constatons, lors de nos rencontres, une participation croissante et un réel engagement des adhérents. Nous avons aussi nommé des délégués régionaux UNIMEV, ce qui constitue une première, pour renforcer notre présence dans les territoires et faire remonter les bonnes pratiques et les problématiques locales. Nous collaborons également activement avec les associations régionales, qui se sont constituées pendant la période du Covid, et qui continuent à animer la filière sur le terrain.

Cette ambition se concrétise-t-elle au sein de la filière ?

B.C-M. : Les réunions de groupements du 2 juillet, lors de See You There, ont réuni le double de participants par rapport à l’année dernière. On a pu y voir des innovations concrètes qui montrent la voie à suivre pour les 100 prochaines années. Et puis il y a des travaux qui sont peut-être moins visibles mais tout aussi importants : la reconnaissance de la carte professionnelle, les travaux menés sur l’amélioration des conditions de travail, la parité femmes/hommes, dont la charte a été officiellement signée la semaine dernière, et aussi le réseau « Femmes des événements », avec lequel nous portons pour notre filière le message que les entreprises qui favorisent la mixité et la diversité à toutes les stades de responsabilité sont plus innovantes, mieux préparer au changement et créent davantage de valeur.

La filière événementiel et tourisme d’affaires doit être reconnue comme la « French Event Touch ».

Vous évoquez également une volonté d’étendre la politique d’influence d’UNIMEV. Comment cela se traduit-il concrètement ?

B.C-M. : Nous avons multiplié les contacts, tant au niveau national que local, pour porter la voix de l’événementiel. Après la crise du Covid, il était important de ne pas retomber dans l’oubli alors que nous avons eu tant de mal à faire en sorte que l’événementiel soit reconnu comme un secteur essentiel à un moment où nous avons été les premiers fermés et les derniers réouverts. Ce travail de longue haleine, mené dans la cadre du comité « événementiel et tourisme d’affaires » mis en place fin 2023 par la ministre des PME, du Commerce et du Tourisme, Olivia Grégoire, et copiloté par l’UNIMEV et la Direction générale des entreprises, a abouti à la signature d’un nouveau contrat de filière. Plus qu’un simple document, c’est un engagement qui vise à faire en sorte que la filière événementiel et tourisme d’affaires soit reconnue comme la « French Event Touch ».

Justement, cette « French Event Touch » est-elle aujourd’hui pleinement assumée et valorisée à l’international, ou subsiste-t-il un complexe français ?

B.C-M. : Je ne pense pas que nous souffrions d’un quelconque complexe. Le savoir-faire événementiel français est largement reconnu à l’étranger, que ce soit à travers la réussite de grands événements sportifs comme les JO 2024, mais aussi la réouverture de Notre-Dame de Paris ou les innombrables événements organisés chaque année dans nos territoires. Notre ambition est de continuer à entretenir, à valoriser et à faire rayonner cette compétence.

Ce qui compte, c’est la capacité de la filière à anticiper, à s’adapter, à rester réactive.

Les 100 ans d’UNIMEV sont l’occasion de se projeter vers l’avenir. Comment garder un cap ambitieux et réaliste dans un contexte international et économique si incertain ?

B.C-M. : L’ambition, nous la portons avec l’ensemble des adhérents. Nous avons besoin de l’agilité de chacun, mais aussi de la capacité à partager les difficultés pour avancer ensemble. La responsabilité de notre coprésidence, c’est d’entraîner tout le monde dans une dynamique positive, sans être naïfs ni pessimistes, et prendre le changement par la main, plutôt que de le subir. Nous préférons aller de l’avant, de manière raisonnée, avec une ambition claire, tout en construisant sur les acquis de nos prédécesseurs. Nous préparons aussi l’avenir avec les jeunes, qui sont les donneurs d’ordre de demain, en intervenant dans les écoles, en valorisant la mixité et en écoutant les attentes des nouvelles générations, qui souhaitent des événements porteurs de sens, d’émotion et de rencontres authentiques.

Pour conclure, estimez-vous que la page de la pandémie est vraiment tournée dans la filière événementielle ?

B.C-M. : Ce que nous avons vécu ne s’oubliera pas, ni individuellement, ni collectivement. Mais depuis le Covid, nous avons dû faire face à d’autres défis : l’inflation, la conjoncture internationale… Chaque jour apporte son lot de risques nouveaux. Ce qui compte, c’est la capacité de la filière à anticiper, à s’adapter, à rester réactive. La confiance appelle la confiance, et c’est ensemble que nous continuerons à écrire l’avenir de l’événementiel français.