Stratégies

Bertrand Biard (WMH Project) : «  Notre feuille de mission a été créée à partir de convictions  »

Par Pascale Baziller | Le | Agences & organisations

Le groupe WMH Project devient entreprise à mission. Comment s’est construite cette raison d’être ? Comment se concrétise cette ambition ? Quels programmes vont être développés ? Conversation avec Bertrand Biard, vice-président Attractivité et Engagements du groupe WMH Project.

Bertrand Biard, vice-président Attractivité et Engagements du groupe WMH Project - © D.R.
Bertrand Biard, vice-président Attractivité et Engagements du groupe WMH Project - © D.R.

WMH Project est désormais entreprise à mission. Pouvez-vous revenir sur la genèse de cette ambition ?

Le projet de WMH Project a été de créer un des groupes leaders sur le marché français et européen dans les métiers de la communication mais aussi parmi les plus engagés en matière de RSE. Nous portons une culture affirmée, celle d’un développement économique comme gage de l’ambition de nos engagements citoyens. Ces deux propositions de valeur se complètent et ne vont pas l’une sans l’autre. Nous devons avoir un engagement social, sociétal et écologique aligné sur celui que nous préconisons à nos clients au quotidien. Du fait, nous faisons beaucoup de pédagogie et accompagnons nos clients sur leur stratégie RSE, sur le développement ou l’amélioration de leurs actions de communication autour notamment de l’écologie, de l’inclusion et de la solidarité. Ces sujets font partie de l’ADN de WMH Project. Les entrepreneurs qui constituent le comex du groupe ont chacun une part d’histoire personnelle sur des bases d’engagement qui soient sociaux, sociétaux ou/et environnementaux. Il y a une vraie histoire d’entrepreneurs en amont même d’une décision de devenir entreprise à mission.  

Comment avez-vous construit cette raison d’être ?

Sur un mode participatif. Nous avons associé à notre réflexion et nos chantiers nos collaborateurs, partenaires, prestataires et clients. Nous avons réuni des groupes de travail de formats différents pour définir la raison d’être et ensuite se doter d’une feuille de mission pendant 9 mois. Celle-ci a été créée à partir d’une décision et de convictions des membres du comex et des différents projets et/ou envies qu’ils ont à travers leurs différentes entreprises préexistantes. Fort de ce travail, nous avons souhaité obtenir le statut d’entreprise à mission.

Vous avez inscrit votre raison d’être dans vos statuts. Quelles sont les obligations auxquelles vous êtes soumis ?

Nous avons des obligations légales qui sont de respecter, d’affirmer publiquement et développer nos engagements inscrits dans nos statuts. Notre feuille de mission recense 4 objectifs statutaires sociaux et environnementaux qui guideront ses engagements à destination de nos clients, nos collaborateurs, notre écosystème de partenaires et prestataires ainsi que son ambition au service de la société. Elle comprend une soixantaine de chantiers très différents, comme la relation avec nos sous-traitants sur les achats responsables, dont une quinzaine de chantiers opérationnels qui vont de l’organisation du premier forum des partenaires de WMH Project en 2024 à la réalisation d’un guide sur les achats responsables. Un calendrier et un élément de mesure de l’aboutissement seront établis pour chaque chantier. Cette feuille de mission est pilotée par un comité de mission mixte (interne et externe) qui se réunira pour la première fois en mars prochain puis à raison de 4 ou 5 fois par an. Ce comité assure la gouvernance de l’entreprise au travers de la mission et le suivi de la mission. Par ailleurs, nous sommes soumis à une vérification de l’exécution des objectifs sociaux et environnementaux mentionnés dans nos statuts par un organisme tiers indépendant (OTI), tous les deux ans. Le non-respect de nos obligations peut nous faire perdre le statut d’entreprise à mission, ce qui ne serait pas sans conséquences en termes d’image et de business pour le groupe.

Cette transformation en entreprise à mission s’accompagne-t-elle par une évolution de vos process en interne ?

Oui, nous mettons en place de nouveaux process et réalisons des évolutions de certains process existants comme le mode de gouvernance et de pilotage de l’entreprise. Mais un des chantiers les plus intéressants est de faire de la sensibilisation permanente auprès de nos collaborateurs sur la mission de notre entreprise. Par ailleurs, pour aller plus loin dans notre engagement, nous avons souhaité développer des programmes emblématiques forts au service du mieux vivre ensemble auxquels seront associés tous les collaborateurs. Le premier est un programme de mécénat de compétences, qui permettra cette année à nos 400 collaborateurs d’offrir chacun une journée d’action au projet solidaire de leur choix, via une plateforme d’engagement citoyen des entreprises. Le deuxième est un fonds de dotation philanthropique qui apportera des concours financiers à des associations à but non lucratifs mobilisées sur l’entraide et le développement humain. Nous avons voulu que ce programme soit participatif. Nos collaborateurs peuvent nous soumettre des associations et les défendre devant une commission dans laquelle ils siègeront. Mais d’ores et déjà, la première action qui entrera dans ce fonds est celle portée par nos collaborateurs depuis quatre ans auprès d’un orphelinat au Maroc. La dotation initiale garantie est de 120 000 euros mais l’entreprise s’autorise à abonder son montant si une action ou une cause le nécessite. Enfin, nous lançons un programme d’incubation de projets innovants. L’ambition est d’accompagner des porteurs de projets créateurs de valeur, d’innovation sociale ou de rencontre durable qui sont le fondement de notre mission. L’appel à projets sera diffusé dans les médias traditionnels et les réseaux de communication dans nos écosystèmes. Nous sélectionnerons et accompagnerons deux à trois projets pendant une année jusqu’à une phase d’expérimentation. Nous sommes sur des projets opérationnels court ou moyen terme. Il y a des discussions avec Viparis pour créer des ponts avec French Event Booster. Enfin, le groupe réfléchit à la création d’un média des initiatives qui ont du sens et des gens qui font du bien.

L’enjeu n’est-il pas de porter votre démarche auprès de l’écosystème ?

Notre but est d’aller vers des actions fortes, marquantes et engageantes dans la durée et d’échanger et de partager dans et en dehors de notre secteur. En premier lieu, nous allons nous donner les moyens d’aider et d’accompagner nos prestataires pour que nous puissions ensemble suivre le sens de notre mission. Ce premier niveau d’enjeu commencera à faire bouger l’écosystème. Ensuite, notre action portera sur l’évolution de nos comportements et de nos offres avec nos clients. Là aussi, si nos clients voient comment nous avançons sur l’évolution de nos offres ou notre façon de travailler, cela peut leur donner envie de collaborer avec d’autres agences qui vont dans ce sens. Par ailleurs, nous sommes engagés dans l’interprofessionnel des associatifs notamment à travers l’association Lévénement. Nous partagerons nos « best practices » avec ceux qui le souhaitent en étant très humble. Nous sommes également à l’écoute de nouvelles idées. En tout cas, nous serons toujours favorables à faire en sorte que l’écosystème de nos métiers soit plus valorisé autour de ces sujets d’engagements sociaux et sociétaux. Depuis des années, je suis convaincu qu’au-delà de ses engagements RSE, la communication responsable, celle qui fait société au sens large, passe par nos métiers s’ils sont engagés. Le fait d’être entreprise à mission nous amène aussi à prendre la mesure de ce que qu’est un groupe de communication moderne et engagé au service du mieux vivre et du mieux travailler ensemble. Cela nous conduit à une transformation en profondeur et durable de l’entreprise.