Corinne Menegaux : « C’est le momentum de Paris grâce aux JO Paris 2024 et des réouvertures de lieux »

Vous avez signé avec vos partenaires des chartes sur l’accueil des grands congrès et des grands événements corporate. Quels sont les objectifs de ces chartes ?

Les chartes permettent d’engager les acteurs (50 environ) par filières pour faciliter l’organisation de grandes manifestations, apporter aux organisateurs de congrès ou/et de grands événements (plus de 1000 personnes) des réponses adaptées à leurs demandes et une offre harmonisée des professionnels parisiens. L’enjeu est d’avoir une cohérence de discours sur l’attractivité de la destination et de l’engagement en termes d’accueil et d’hospitalité. Les principaux objectifs sont pour l’une est de pérenniser l’activité des congrès afin de conserver notre place de leader pour les congrès internationaux, pour l’autre de maintenir et renforcer l’attractivité de Paris sur l’activité stratégique des grands événements d’entreprise, tout en fédérant les acteurs parisiens de la filière. La charte permettra notamment de simplifier l’identification et la sélection des professionnels signataires par catégories : hôtels, lieux, traiteurs, DMC/PCO qui s’engageront en échange à offrir un certain nombre de conditions pour la tenue de l’événement (allotement de chambres, conditions de ventes simplifiées…) et assurer le meilleur accueil aux participants à chaque étape de l’événement. À terme, nous voudrions inclure les transports qui sont un enjeu important dans l’accueil d’un grand événement. Nous sommes actuellement en discussion avec l’ensemble des acteurs (RATP, Transilien, Ile-de-France Mobilités, VTC, taxis…).

L’impact des grands événements est-il abordé dans les chartes ?

La charte des grands congrès prévoit en effet le suivi de la mesure de la performance et des impacts économiques, sociaux et environnement des congrès. Celle des grands événements promeut une vision partagée par les signataires du rôle fondamental du tourisme d’affaires et des grands événements notamment dans la valorisation d’un tourisme à impact positif, en accord avec le Plan Climat de la Ville de Paris. En complément, nous allons mener une réflexion sur l’héritage qui est un sujet majeur pour la Ville de Paris. La question qui se pose est de savoir si les congrès et les grands événements sont contributifs ? Nous travaillons sur des projets de calculateur en lien avec l’Unimev pour mesurer l’impact d’un événement à un moment donné, sur les plans économique, énergétique et sociétal.  

Menez-vous d’autres champs d’action ?

Un de nos enjeux est de travailler en priorité nos filières d’excellence comme la création, la mode, l’innovation, les sciences, la santé, la gastronomie, la culture, le sport ou encore l’e-sport qui sont fortes, très représentées et rendent la destination très attractive pour les entreprises. 

Quelle est la prochaine étape ?

Nous avons posé une première pierre avec les deux chartes. La vision demain est d’engager tous les acteurs de la filière dans un Manifeste de l’hospitalité et d’élargir le champ aux événements de plus petite taille (moins de 1000 personnes), aux loisirs et aux individuels qui posent des enjeux différents et ne relèvent pas toujours des mêmes engagements et des mêmes acteurs. Nous souhaitons poursuivre cette dynamique collective que nous avons portée pendant la crise sanitaire afin de se mettre tous en ordre de marche sur tous ces sujets avant les Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024.

Paris est-elle toujours attractive en termes de tourisme d’affaires ?

La destination a toujours une attractivité inégalée. Quand les congrès ont lieu à Paris, les organisateurs ont souvent +20 % de congressistes inscrits. Mais, nous devons continuer à nous développer et valoriser notre offre et nos services car nous sommes confrontés à la concurrence notamment celle de villes plus petites qui mettent du budget pour attirer des événements. Par ailleurs, nous constatons que le tourisme d’affaires reprend mais moins vite que le tourisme de loisirs. Le calendrier de réservation d’événements se remplit mais avec une dimension court terme plus forte. Les organisations d’événements de toutes tailles plus particulièrement ceux de 200 à 500 personnes se décident sur des calendriers de trois à six mois alors que nous étions sur un an auparavant. Les plus grands événements sont en général programmés un an à l’avance. Mais, cela reste fragile en raison du climat qui est très incertain. Les organisateurs ne veulent pas réserver sans possibilité de pouvoir annuler. C’est pourquoi, la flexibilité des sites et des prestataires est un enjeu fort des chartes. Notre objectif est d’apporter le plus de flexibilité possible afin que ces acteurs puissent s’engager.

Les grands congrès sont-ils de retour ?

Sur les grands congrès hormis les annulations en raison de la crise sanitaire, les calendriers se sont bien maintenus sur le long terme. Ceux de 2024, 2025 et 2026 sont toujours programmés. Le marché des grands congrès est plus stable que le marché événementiel et corporate. En 2021, nous avons accueilli 331 congrès. Concernant les salons qui sont des vecteurs d’attractivité forts, l’activité a également bien repris. Nous sommes en nombre de salons au même niveau qu’en 2019 et à -15 %/-20 % en taux de remplissage sur la partie exposants et visiteurs. Nous sommes globalement dans une dynamique qui fonctionne bien (cf.calendrier ci-dessous).  

Quels sont les sujets déjà engagés avec le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024 ?

La feuille de route n’est pas encore complètement arrêtée mais nous travaillons d’ores et déjà sur les sujets majeurs comme l’accueil touristique et la maximisation de l’expérience client. Notre réflexion porte également sur un nouvel éclairage de la ville afin d’en faire un levier pour le tourisme d’affaires. L’idée est d’apporter de nouveaux contenus aux entreprises pour organiser leur(s) événement(s) pendant ces quelques années.

Des entreprises se sont-elles déjà positionnées ?

En dehors de la famille olympique qui est déjà en ordre de marche, nous commençons à avoir des demandes d’entreprises et d’agences événementielles internationales (États-Unis, Royaume-Uni…) pour des formats convention en 2023 et début 2024 avant la compétition. L’idée est de faire découvrir, à l’occasion d’un événement, une ville en préparation des JO avec de nouvelles infrastructures. Nous ressentons une attention particulière sur notre destination, c’est un peu le momentum de Paris grâce aux JO Paris 2024, à la Coupe du monde de rugby (2023), des réouvertures et des rénovations (Samaritaine, Cheval Blanc, Fondation Pinault…) et de nouveaux sites comme la Adidas Arena à La Chapelle.