L’emploi dans l’événementiel : tensions et priorités
Par Pascale Baziller | Le | Agences & organisations
Quel est l’état actuel du marché de l’emploi dans l’événementiel professionnel et quels sont les défis auxquels il est confronté ? L’Unimev fait le point à travers son enquête sur « L’emploi dans l’événementiel professionnel » et présente les priorités en matière d’emploi et de recrutement.
Depuis quelques années et davantage encore depuis la crise sanitaire, La France est confrontée à des difficultés de recrutement dans de nombreux secteurs. Des difficultés qui continuent de s’accroître en 2023. L’événementiel n’échappe pas à la pénurie de talents et est d’autant plus touché depuis la reprise de l’activité après avoir subi de grosses pertes économiques liées aux conséquences de la crise sanitaire et une réduction de plus de 20 % des effectifs. Ces tensions en recrutement pourraient bien s’accentuer dans les prochains mois en raison de la tenue de grands événements internationaux dont la Coupe du monde de rugby 2023 et les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 pourvoyeurs de nombreux emplois. Dans ce contexte, quel est l’état actuel du marché de l’emploi dans l’événementiel professionnel ? L’Unimev (Union Française des métiers de l’événement) fait le point à travers son étude sur « L’emploi dans l’événementiel professionnel », réalisée entre décembre 2022 et mars 2023 auprès d’un panel de 123 entreprises (cf.encadré). Les résultats révèlent des défis auxquels l’industrie événementielle (comme beaucoup d’autres secteurs) est confrontée en matière d’emploi et de recrutement. À travers son enquête, l’organisation professionnelle a pour objectif d’apporter des informations claires aux professionnels de la filière afin de leur permettre de renforcer leur capacité d’adaptation, et pour accompagner leurs ressources humaines dans l’exercice de leurs fonctions.
État des lieux : un marché en tension
Les entreprises du secteur événementiel sont unanimes sur les difficultés de recrutement rencontrées. 77 % jugent le recrutement difficile en 2022 et 71 % à avoir rencontré systématiquement ou fréquemment des difficultés de recrutement. De plus, 73 % estiment que le recrutement est devenu encore plus difficile qu’avant.
L’intensité d’embauche apparaît comme la principale cause des tensions au recrutement. Cette difficulté croissante s’explique par plusieurs facteurs selon l’étude.
- L’insuffisance du nombre de candidats est la principale raison évoquée par la moitié des entreprises répondantes. La demande accrue a créé une concurrence féroce pour attirer les ressources humaines compétentes.
- La difficulté à trouver des candidats avec les compétences et les qualifications requises pour le poste, en raison du lien entre la formation et le métier, pour 42 % des entreprises. Selon l’étude, certains employés ont cherché des opportunités dans d’autres secteurs plus stables, ce qui a réduit le bassin de talents qualifiés disponibles pour les entreprises de l’événementiel professionnel. Face à cette situation, les entreprises s’adaptent et renforcent leurs efforts de formation des collaborateurs en poste, en offrant des programmes de développement professionnel pour leur permettre de renforcer leurs compétences et en acquérir des nouvelles.
- Les attentes des candidats en matière de conditions de travail, y compris le télétravail et les perspectives d’évolution, sont également des facteurs qui compliquent le recrutement pour 41 % des entreprises répondantes.
Les besoins
Aujourd’hui, 61 % des entreprises répondantes à l’enquête ont au moins un poste à pourvoir en CDI ou CDD avec une moyenne de 3,2 postes en moyenne par entreprise. Cela se traduit par une première évaluation 2023 à 6574 postes ouverts au recrutement dans la filière, ce qui représente 15 % des effectifs globaux de la filière.
Les profils et les métiers les plus difficiles à recruter
Ce sont les contrats CDI (71 %), profils ayant un niveau Bac à Bac+3 (72 %), ainsi qu’en profils ayant 5 ans d’expérience ou moins (83 %) qui sont les plus difficiles à recruter.
Parmi les métiers où le taux de difficulté au recrutement est le plus élevé dans l’événementiel professionnel : les métiers techniques en pilotage ou logistique (6 métiers sur les 10), suivis des fonctions commerciales présentes dans les effectifs de la majorité des entreprises du secteur et également les chefs de projet.
Quelles priorités en matière d’emploi et de recrutement ?
Les acteurs de l’événementiel doivent mettre en œuvre des stratégies efficaces pour attirer et retenir les talents. Cela s’inscrit dans une politique RH qui se concentre sur quatre priorités :
- la fidélisation des salariés (notamment qualifiés et expérimentés) est au premier plan des entreprises (95 %). Elle passe par l’environnement de travail, les opportunités de formation (montée en compétences, mobilité interne…),une politique de gestion à moyen et long terme des ressources humaines.
- le recrutement et l’acquisition de talent(s). Cela nécessite la mise en place de processus de recrutement efficaces, de développer des partenariats avec des établissements de formation, et de cibler activement les professionnels compétents, pour assurer un flux constant de nouveaux arrivants formés. À noter que les réseaux sociaux (72 %) sont la principale source de recherche utilisée pour le recrutement. Les durées de recrutement (délai entre l’ouverture de poste et l’acceptation du candidat) se situent à 3 mois et moins (délai moyen) pour 85 % des répondants. Les entreprises doivent aussi tenir compte de l’état du marché et des attentes des candidats. Elles doivent mettre en avant leur stabilité financière,leurs opportunités de développement professionnel, leur flexibilité et leur culture d’entreprise.
- la formation des salariés. C’est un pilier de la montée en compétences des salariés et de leur fidélisation. Elle est une priorité pour 86 % des entreprises qui considèrent que, dans un secteur en constante évolution, la montée en compétences et l’évolution professionnelle des collaborateurs sont importantes pour rester compétitives sur leur marché. 83 % des entreprises ont un budget formation, qui représente en moyenne 3,2 % de leur masse salariale (taux se situant dans la moyenne observée par Syntec à 3 %). Ce budget reste stable en 2023 pour une majorité (61 %), voire augmente pour un tiers des acteurs (32 %).
- L’égalité hommes/femmes. Un sujet sociétal au cœur des problématiques RH et d’entreprise.
Panel de l’étude
L’étude s’appuie sur un panel de 123 acteurs de l’événementiel professionnel, représentant 4907 salariés. Sur les 123 entreprises ayant participé à l’enquête : 38 % sont des organisateurs d’événements, 37 % des prestataires de services, 28 % des gestionnaires de site, 2 % des agences de design et de stand et 2 % autres. La majorité d’entre-elles sont implantées en Ile-de-France (33 %), en Rhône-Alpes (18 %) et en PACA (12 %).
Concernant la taille des entreprises, près de la moitié (48 %) ont moins de 10 salariés, 34 % de 10 à 49 salariés et 18 % de 50 salariés et plus.
Les profils de salariés dans l’événementiel
L’enquête réalisée met en évidence la diversité des profils dans la filière.
• Parité relative avec 56 % de femmes.
• Profils sont plutôt jeunes : 42 % ont moins de 35 ans et 45 % des profils entre 35 et 54 ans.
• Concentration de salariés ayant un niveau d’études élevé, supérieur au Bac (47 % bac à bac+3, 39 % bac+4 et plus)
• 41 % sont des cadres. Une proportion plus élevée que la moyenne des Français en emploi.Prédominance de CDI avec 82 % des contrats