Stratégies

La « French event touch » : simple effet de mode ou véritable levier d’influence ?


Depuis que Paris 2024 a captivé le monde entier, la « French Event Touch » s’impose comme un symbole de fierté pour les acteurs de l’événementiel. Pourtant, au-delà de la communication, l’enjeu pour la filière est de faire une sorte que ce label devienne un levier puissant d’attractivité et de développement à l’échelle internationale.

La « French event touch » : simple effet de mode ou véritable levier d’influence ?
La « French event touch » : simple effet de mode ou véritable levier d’influence ?

On connaissait déjà le French flair, avec lequel le XV de France éparpille ses adversaires sur la planète ovalie ; le French kiss, pratiqué par les amoureux du monde entier ; la French Touch, qui a régné sur les nuits de tous les continents dans les années 90 ; sans oublier la French Tech, en soutient de la croissance de l’écosystème des start-ups françaises…

Il nous faut désormais compter avec la « French event touch », expression qui fait référence au mélange de créativité, d’innovation, et de savoir-faire artistique et technique qui caractérise la France sur la scène internationale dans la conception, l’organisation et la mise en scène des événements. Sa définition non officielle pourrait se résumer en deux mots : Paris 2024.

Depuis que la France a émerveillé le monde lors du plus grand événement planétaire l’an dernier, la filière événementielle n’a que cette expression à la bouche. Preuve en est, la semaine dernière, lors du centenaire d'Unimev célébré lors du congrès See You There à Lyon, un atelier-débat lui était spécifiquement consacré : « Comment faire briller la French event touch en France et dans le monde ». (Lire l’interview de Béatrice Cuif-Mathieu-Mathieu, ci-présidente d’Unimev)

Lutter contre l’idée reçue selon laquelle les Français sont les champions du faire et les cancres du faire savoir

Si le sujet agite autant la filière événementielle française, c’est que celle-ci a tendance à avancer en ordre dispersé, alors que la logique voudrait qu’elle constitue un front uni à même de briser les réticences de celles et ceux qui doutent de ce « french spirit ». « Les Anglo-Saxons exploitent encore un vieux complexe de supériorité qui les incite à douter du savoir-faire français », a-t-on entendu dans la discussion. « En France, nous sommes très bons pour faire, beaucoup moins pour faire savoir », constatait un participant. Une idée reçue réfutée par un poids lourd du marché : « il faut arrêter de culpabiliser sur la communication. Nous n’avons aucun complexe à avoir vis-à-vis des anglo-saxons qui souffrent surtout d’une méconnaissance de notre savoir-faire. Nous apportons la preuve à chaque gros rendez-vous que nous sommes les meilleurs dans l’organisation d’événements à portée internationale, notamment les grands événements sportifs. À nous de porter haut et fort ce statut » déclarait-il. La réussite de Paname 24, le consortium réunissant cinq grandes agences événementielles (Auditoire, Havas Events, Ubi Bene, Obo et Double 2) lors des Jeux de Paris 2024, en est la meilleure illustration. Cette alliance a permis à ses membres de défendre une production 100 % française, ce qui était loin d’être gagné au départ si l’on en croit certains témoignages.

Face à nos concurrents internationaux, nous ne nous affrontons pas toujours à armes égales

Le soutien de la « French event touch » est-il pour autant à la hauteur de sa réputation ? « Pas toujours »,regrettait un dirigeant d’entreprise présent à l’atelier. « Face à nos concurrents internationaux, nous ne nous affrontons pas à armes égales, constatait un autre : sur les grands événements sportifs, les Britanniques bénéficient par exemple d’une structure dédiée, UK Sport, l’agence publique finançant directement le sport de haut niveau et l’organisation des grands événements. En France, les acteurs de l’économie du sport peuvent s’appuyer sur le GIE France Sport Expertise, chargé de promouvoir l’expertise française à l’international et de faciliter la réponse aux marchés des grands événements sportifs… mais sans financement public direct. Le gouvernement n’en reste pas moins attentif au développement de la filière de l’événementiel, « un actif stratégique du pays, au service du rayonnement européen et mondial de la France, de ses filières d’excellence et de ses territoires, l’a rappelé Nathalie Delattre, Ministre déléguée chargée du Tourisme, invité à See You There dans le cadre de la mise à jour 2025 du Contrat de filière  »Rencontres professionnelles, événementiel et tourisme d’affaires »..

Ce n’est que par l’innovation que l’on parviendra à valoriser le savoir-faire français.

Au-delà de la réputation, le rayonnement de la « French event touch » passe nécessairement par son incarnation par les plus gros acteurs du marché, à même de s’aligner sur des appels d’offres d’envergure, et par leur implantation à l’international. En la matière, la France peut compter sur quelques fleurons. S‘il n’existe pas de potion magique qui permettrait aux professionnels de l’événement français de damner le pion à leurs rivaux étrangers, réjouissons-nous que le sujet soit au cœur de leurs préoccupations. Comme l’a indiqué un participant lors de l’échange programmé à See You There en guise de conclusion : « ce n’est que par l’innovation que l’on parviendra à valoriser le savoir-faire français. » La bonne nouvelle, c’es qu’en la matière, la filière française ne manque pas de talents.