L’illusion du silence utile
La communication n’est pas une dépense mais un investissement. Cette évidence a besoin d’être martelée, et David Leclabart ne se fait pas prier pour le faire.

Dans une tribune adressée au futur Premier ministre, le co-président de l’AACC dénonce l’absurdité du raisonnement du Premier ministre le plus furtif de la Vème République, Sébastien Lecornu, qui avant de démissionner préconisait de suspendre les nouvelles dépenses de communication de l’État jusqu’à fin 2025, avec comme objectif affiché une réduction de 20 % en 2026.

Difficile de lui donner tort. En décidant de réduire les dépenses de communication de l’État, nos dirigeants pensent sans doute faire preuve de vertu budgétaire. Mais c’est une étrange manière de servir l’intérêt général que d’affaiblir l’un de ses leviers les plus efficaces.
Suspendre les budgets de com’ n’a jamais redonné du sens à l’action publique. Au contraire, c’est en coupant ce fil que l’État se rend muet, illisible, inaudible. La communication n’est pas un luxe, c’est un moteur de cohésion sociale, et l’événementiel l’un de ses meilleurs relais. Sans elle, les politiques les plus ambitieuses s’essoufflent avant même d’avoir trouvé leur public. Mal expliquer, c’est mal agir. Ou pire : agir dans le vide.
Contrairement à ce que semblent penser certains dirigeants politiques, la communication n’a pas vocation à faire briller leurs décisions, mais de leur donner du sens, de la lisibilité, de la cohérence. À l’heure où les citoyens doutent et où les messages qu’on leur adresse ne font qu’accentuer la cacophonie ambiante, couper le son revient à se tirer une balle dans le pied.